Je remercie souvent, mentalement, en mon for intérieur, les géniteurs de Claude Ponti d'avoir enfanté ce petit-là et toutes les pierres de son chemin d'avoir fait de lui l'auteur qu'il est.
Pour les parents, lire du Claude Ponti à ses enfants, c'est du "nanan". Un pur délice. Une détente très douce et très piquante. Un bonheur de mots et d'images. L'imagination et l'intelligence au pouvoir, insoumises et indomptables, le temps d'une histoire folle.
En ce moment, je lis à mes filles Le chien invisible. Bon, je sais, je ne suis pas dans l'actualité littéraire la plus brûlante, mais je lirai bientôt Mô-Namour, le dernier sorti, mais là, vu le niveau d'angoisse de Loutre en ce moment, les histoires avec les parents qui meurent au début, j'évite, même quand c'est du Ponti. J'ai peut-être tort...
Je ne me lancerai pas dans un résumé pontiesque. Hors de question. C'est irracontable. Ou alors on trouve ça légèrement plat voire nunuche, alors que c'est tout sauf ça.
C'est, comme toujours, une histoire à tiroirs, à niveaux de lecture différents. Mais les parents ne s'éclatent pas sur le dos des enfants, ne rient pas d'histoires que les enfants comprendront, dépités et vexés, quand ils seront plus grands.
Non, à chaque lecture, Loutre, 5 ans, découvre un nouvel élément de l'histoire. Une chose qu'elle n'avait pas interprétée jusque là. Et qu'elle peut comprendre à sa façon. Comme ça parle de soi et de l'autre, de la solitude et de l'amitié, de l'attention et du délaissement, des enfants sages et des enfants incontrôlables, du conformisme et des moyens d'y résister, de la loi du plus fort et de celle du plus malin, du vrai-vrai et du vrai-imaginé, de l'amour et de la folie, ça permet de rêver ensemble, de parler de ce qu'on comprend, de ce qui résonne en soi, entre adultes et enfants, et ça permet de se comprendre autrement.
Merci Claude Ponti.